Décembre 2010, deux jeunes lorrains souhaitent mettre en avant la culture et l’art de leur région. Ils se mettent alors en tête de
Après plus de six années passées à mettre en avant l'actualité culturelle et artistique de notre région, c'est avec une grande émotion que nous vous annonçons la fin de nos activités. Le site restera cependant actif pour vous permettre de (re)lire les nombreuses rencontres avec les artistes régionaux.
Accueil > Reportages > Zik'Art > Zik’Art #32 – Rencontre avec Driss Malek
Driss Malek est un auteur compositeur messin. A l’occasion de la sortie de « SLOW » son nouveau clip réalisé par Stéphane Pitti, le jeune musicien nous a reçu chez lui. Autour d’un café, il nous a raconté son parcours.
« J’ai commencé la musique par envie, tout seul, je n’ai jamais été au Conservatoire. » Ces quelques mots, Driss Malek les a souvent répété aux gens qui s’intéressent de près à ses créations. Autodidacte depuis la première heure, le jeune homme est un self made man, passionné et passionnant.
Promis dans sa jeunesse à une carrière de footballeur, le jeune artiste finit par se blesser au centre de préformation du F.C. Metz. Le rêve s’estompe mais laisse place à de nouvelles ambitions. « J’ai fait du foot, j’étais assez prometteur, mais dans le football, les gens se fichent de qui tu es. Ils te regardent jouer, ils veulent que tu sois bon. Je n’étais plus sur cette vision des choses. Mon exutoire a été la musique. »
Le jeune homme écrit ses premiers textes, accompagné par son acolyte de toujours, Victor Guillard. « C’était comme une sorte de journal intime, qu’on pouvait rapper. Pour moi, si tu enregistres ce que tu as de plus intime, les gens apprennent à te connaître, à travers ce que tu exprimes dans ta musique. Ca a été important pour moi de pouvoir dire aux gens qui voulaient bien m’écouter « voilà qui je suis » ».
Le duo se rebaptise « La Cinquième colonne » et fait ses premiers pas dans le milieu musical. « Le rap, ça a été très ludique pour moi. Ca m’a fait comprendre beaucoup de choses, dans la structure des musiques. »
Débrouillard de génie, le jeune artiste arrange ses premiers sons avec un logiciel trouvé dans une boite de Kellogg’s. Driss est avide de connaissances, il persévère et se forme seul, reproduisant à l’oreille les sons qu’il écoute dans sa chambre. « On était quand même assez limité mais j’essayais de reproduire les prods des morceaux que j’aimais, comme la Belle et le Bad Boy de MC Solaar. »
Puis les deux amis récupèrent leur premier véritable instrument : « La grand mère de Victor nous a prêté un vieux synthé des années 1970. Il était ultra pourri mais franchement, ça faisait l’affaire. Pour la première fois, des notes sortaient des mes doigts, je trouvais ça incroyable. » Petit à petit, Driss se fait la main sur les touches du synthé, usées par le temps.
Mais cet intarissable curieux rêve très vite de toucher d’autres instruments. Fasciné par les samples du rap, il se met à écouter les titres originaux. « J’écoutais les morceaux des années 1970-1980 qui venaient de la soul et qui avaient été samplés dans les morceaux de rap actuels. En plus, je finissais par me sentir limité dans l’expression, alors j’ai voulu voir d’autres domaines musicaux. C’est en écoutant ces sons là, les samples, que j’ai eu envie de faire de la musique originale, avec des instruments. Je voulais pouvoir enregistrer moi même chaque instrument et créer un morceau élaboré. »
Inspiré par la soul, dont il s’abreuve quotidiennement, le jeune musicien s’instruit et se perfectionne autour de cet univers musical. « La soul c’est ma musique favorite, c’est celle que je trouve la plus riche. Pour moi il y a de la musique classique dans la soul, parce qu’il y a des violons, y a du rock parce qu’il y a des guitares électriques, il y a du rap aussi parce qu’il y a un rythme qui groove ! Pour moi la soul réunit tellement de choses que je me suis dit que si j’arrivais à en faire, j’arriverais à faire presque tous les styles de musique »
Sans relâche, le jeune homme travaille et compose dans son petit deux pièces du centre ville. « Je n’ai pas grandi dans un univers musical bien défini, mes parents écoutaient de temps en temps des musiques comme Barry White, Jamiroquai et Bob Marley mais ils n’étaient pas de grands mélomanes. Je n’ai pas eu d’éducation musicale, on ne m’a pas dit d’aller au conservatoire, et à vrai dire… on m’a plutôt dit d’aller aux entrainements de foot. (il rit) ». Pourtant, s’il reste modeste sur ses connaissances musicales, les références sont bien présentes dans son univers. Admirateur de James Brown, bercé par le R’n’B de D’Angelo mais aussi par les classiques de Marvin Gaye, Stevie Wonder, The Beatles, Isaac Hayes ou encore Al green, la musique de Driss Malek est riche d’influences mais aussi d’hommages à celles et ceux qui l’inspirent.
Son ordinateur semble d’ailleurs renfermer des trésors auditifs, perles musicales éparses, enfouies au fond d’un disque dur surchargé. Il décide de me faire écouter quelques morceaux « jamais sortis », écoutés « juste par les amis ». Les sonorités se mélangent, passant des cuivres de la funk à la basse d’un R’n’B feutré. Voyage musical au pays de Driss Malek.
Debout devant son ordinateur, alors que les enceintes jouent sa dernière composition, il parait imperturbable. Dans son regard brille une lueur de mélancolie. « J’ai arrêté les études assez tôt, ce qui crée une incompréhension avec tes parents et avec ceux qui t’entourent aussi. Si j’étais allé au Conservatoire ça aurait peut être légitimé ce que je faisais, mais j’ai tout fait seul et mes parents n’ont pas compris tout de suite. »
Si les choix de vie de Driss n’ont pas toujours été acceptés par son entourage, sa musique est aujourd’hui portée par le soutien inconditionnel de ses proches. « Après, aux yeux d’autrui ça reste quelque chose de marginal. La question « qu’est ce que tu fais dans la vie ? » c’est déjà un problème pour moi. Avec le temps j’ai appris à gérer ça, mais c’est récent. Je dis que je fais de la musique mais des fois, je le reconnais, j’arrondis les angles pour ne pas qu’on me prenne pour un paria. »
Sa première scène, il la vit en 2006 aux côtés de son meilleur ami, Victor, lors du tremplin de la Société Générale. Les deux compères sont alors de jeunes ados, âgés d’une quinzaine d’années. Représentants leur duo « La Cinquième colonne », ils remportent le tremplin mais ne verront jamais la couleur des lots.
Les années passent et sa passion pour la musique s’intensifie et se précise. Les rencontres s’accumulent, les partenariats se créent. Après avoir intégrer le groupe de rock indé The Yupps, il rencontre Martin Murer avec qui il fonde le projet MnM’s (Malek n Murer’society). « On avait fait des petites scènes avec Martin Murer. C’est un bon ami, quelqu’un que j’ai rencontré via la musique, c’est le leader du groupe Portland. On produisait beaucoup ensemble. »
En 2013, Driss Malek sort son premier projet solo. Album concept et story-telling français à la Melody Nelson de Gainsbourg, « Genius » est une romance reprenant deux années de sa vie. « C’est comme un livre à écouter, chaque morceau est un chapitre avec sa continuité, une transition particulière, une histoire complète ». En juin 2013, il se produit sur la scène installée place de la République à Metz, à l’occasion du festival Hors Format. Devant 2000 personnes et sous une douce chaleur d’été, Driss et son « Genius Band » composé de sept musiciens, enflamment le public messin avant l’arrivée de Manu Dibango.
« Toutes ces expériences, m’ont permis de rencontrer des artistes super cool, moi qui n’étais jamais sorti de ma chambre pour apprendre la musique ! J’ai pris ça comme un examen. Pour la première fois, j’avais des musiciens qui jouaient mes compos. »
Fort de cette expérience, le jeune homme prend part au projet « Hymne », commandé par la ville de Metz à l’occasion de la Nuit Blanche d’octobre 2013 partageant la scène avec Grandville, La Femme et Fauve. « Pour Hymne, toute l’année on a travaillé sur un set de 45 minutes qu’on a fait avec un collectif qui était créé par la ville. Mais en fait, tout le monde avait déjà joué ensemble… » Driss compose une partie du projet et gagne en visibilité.
Les quatre saisons du projet « Hymne » sont disponibles à l’écoute ici : Automne, Hiver, Printemps, Eté.
Malheureusement, au lendemain de la Nuit Blanche, le projet Hymne n’aura pas de suite et l’année 2014 s’ouvre sur de sombres sentiments. « J’ai traversé une période de doutes. J’ai pris du temps pour moi et j’ai essayé de faire le point. Je voulais continuer la musique mais il fallait que je prenne de la distance. A présent, j’avais une expérience derrière moi qui m’avait un peu fait comprendre les rouages du domaine musical, je voyais mieux les exigences et je cernais le milieu. »
Avec beaucoup de pudeur et de sensibilité, Driss m’explique le lien intime qui le lie à sa musique. « Il y a eu de la lumière faite sur moi en 2013, j’ai trouvé ça cool, mais je n’étais pas prêt à la canaliser. J’ai du mal à prendre toutes ces choses positives sans me poser de questions. Les gens te laissent entrevoir une sorte de succès, alors que je sais que c’est un succès ultra relatif. »
L’année 2014 est consacrée à la réflexion et à la création. Inlassablement, le jeune homme s’enferme chez lui et compose, liant les notes ensembles, testant de nouvelles combinaisons dans son bouillonnant laboratoire musical. Puis, au début de l’année 2015, Driss Malek revient avec un clip et un nouveau morceau, SLOW, esquissant les premiers traits de son prochain projet. Dans un saisissant contraste en noir et blanc, le clip réalisé par son ami Stéphane Pitti, illustre tout en finesse l’idée d’un second souffle. Phénix renaissant de ses cendres, l’artiste messin s’ouvre vers un nouvel horizon musical, plus personnel et abouti.
A l’évocation de ses futurs projets, la mélancolie de son regard a laissé place à une nouvelle flamme. Un rayon de soleil dans la prunelle, Driss a le visage qui s’illumine. « Mon prochain morceau, j’ai voulu qu’il groove, que l’esprit reste cool. Il y aura un clip d’ailleurs. C’est vraiment ce que j’ai retenu de mon année 2014, l’apaisement. Je ne veux pas me perdre en essayant de rentrer dans des critères, juste pour plaire. Je vais faire les choses sincèrement et tranquillement. »
Et demain dans tout cela ? « Je voudrais ne plus me lever le matin en me disant que j’ai des comptes à rendre au Pôle Emploi, je voudrais aboutir à mes morceaux correctement et faire du mieux que je peux. Tout simplement. » Rassure toi Driss, avec un tel talent, il est difficile d’en douter.
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