Décembre 2010, deux jeunes lorrains souhaitent mettre en avant la culture et l’art de leur région. Ils se mettent alors en tête de
Après plus de six années passées à mettre en avant l'actualité culturelle et artistique de notre région, c'est avec une grande émotion que nous vous annonçons la fin de nos activités. Le site restera cependant actif pour vous permettre de (re)lire les nombreuses rencontres avec les artistes régionaux.
Accueil > Reportages > Zik'Art > Zik’Art #25 – The Great Artiste
La Lorraine fourmille de groupes musicaux en tous genres. Aujourd’hui c’est un missile musical qui va entrer dans vos vies…
The Great Artiste, groupe nancéien composé d’Aurélie, Etienne, Quentin et Benoît, ont accepté de répondre à nos questions, pour vous chers Lecteurs assoifés de musique…
Pour tous ceux qui veulent découvrir un groupe comme on n’en entend pas tous les jours, découvrez l’interview juste en-dessous…
Lorraine d’Arts : Comment vous êtes vous rencontrés et qui a eu l’idée de former le groupe ?
Etienne : Benoit et moi on s’est rencontré dans une soirée. Comme je rapportais un vinyle à un copain, on s’est retrouvé à parler musique, et à ignorer les autres. On a rapidement joué ensemble, dans sa chambre, mais lui avait déjà deux groupes dans lesquels il était bassiste, et il voulait être guitariste soliste. Un des premiers morceaux qu’on a écrit ensemble, c’est Hey Popular, tu peux le trouver sur internet, si tu cherches bien.
Quentin : Je suis arrivé en dernier, un an après le reste du groupe, durant l’été 2012. J’ai rencontré Etienne à une soirée, et j’ai assisté à une de leur répét’ quelques jours après. On était sur la même longueur d’onde, on s’est parfaitement complété !
Benoit : J’ai rencontré Etienne par hasard à une soirée. Il m’a demandé de ne pas draguer sa pote et de fil en aiguille on s’est mis à parler musique. Il a cité Pink Floyd et Eels, je lui ai donc demandé de ramener une guitare chez moi à l’occase pour enregistrer quelques riffs. C’est à cette occasion que j’ai découvert le mot « shoegaze ». Après avoir pondu quelques démos ensemble on s’est dit qu’on devait trouver des musiciens. Il y avait cette bassiste à l’école de musique, elle a accepté de jouer avec nous et c’est comme ça qu’Aurélie a rejoint Greta.
Aurélie : J’ai rencontré Benoît à l’école de musique, et Etienne par son intermédiaire, le courant est bien passé entre nous, c’est pourquoi j’ai décidé de rejoindre Greta en tant que bassiste.
Lorraine d’Arts : Comment vous est venu l’idée de « The Great Artiste » ?
E : À un moment, on a pensé s’appeler The Straws, mais c’était déjà pris. On voulait que le symbole du groupe soit un verre de lait grenadine, avec une paille dedans. Ça faisait vachement Supertramp, en y repensant ! C’est Benoit qui m’a appris qu’Enola Gay était le nom du bombardier qui avait lâché la bombe A sur Hiroshima. On a regardé les noms des bombardiers, et on est tombés sur The Great Artiste. Ça sonnait super bien ! Et puis il y a le surnom Greta, qui est la personnification du groupe, un peu comme Pink Floyd avec le personnage Pink. Greta, c’est l’addition de nos quatre personnalités, et de ce fait, elle nous dépasse tous. Je trouve ça très beau.
Q : Le bombardier c’est aussi la personnification de notre son. Il faut venir à nos concerts pour comprendre pourquoi c’est pas qu’une comparaison hasardeuse… On a construit petit à petit du sens autour de ce nom et du personnage de Greta. Je ne rentre pas dans les détails, mais c’est une partie très importante de notre démarche et de notre identité artistique désormais.
B : On s’est pas mal creusé la tête pour le nom et après avoir rejeté des noms trop british du genre « the + un mot se finissant éventuellement par “er“ » on est tombé sur le bombardier The Great Artiste. Je l’ai trouvé cool avec sa carlingue chromée et son logo amical.
A : On garde également un petit côté français avec le e à Artiste, et effectivement, le surnom Greta est la personnification du groupe. Cela renvoie à Greta Garbo, actrice que nous aimons bien, qui symbolise l’élégance au cinéma.
Lorraine d’Arts : Quels sont les thèmes qui vous inspirent pour vos chansons ? Est-ce que vous vous servez de vos expériences personnelles ?
E : en fait, je ne me suis jamais vraiment posé cette question. On a écrit At the Bridge of Dawn, et j’ai cette trame avec deux amoureux pendant la Seconde Guerre Mondiale qui s’est dégagée d’elle-même. Cette période me touche profondément, parce que mes parents m’ont toujours raconté les histoires de mes grands-parents pendant la guerre. Et je pense que le nom du groupe n’est pas un hasard dans l’exploration de ce thème : si on s’était appelés The Straws, on n’aurait probablement pas écrit une chanson sur Nagasaki.
Q : Nos chansons s’inscrivent dans des expériences personnelles, mais on ne l’exprime pas forcément de façon frontale.
B : Je m’inspire d’un peu de tout pour mes parties musicales. C’est selon l’humeur du moment. J’essaie de me plonger dans la musique pour en saisir l’essence et y ajouter ma petite touche.
A : Pour mes parties de basse, je travaille avec mes pédales à effet pour arriver à capturer un son intéressant. Par exemple, l’intro de From A Dead Star est arrivée lorsque je testais de nouvelles pédales. Quatre effets sont nécessaires pour parvenir à ce résultat !
Lorraine d’Arts : Et question logique après celle-ci, quels sont les artistes qui vous inspirent aujourd’hui ou qui ont pu vous inspirer ?
E : Je me souviens la première fois que j’ai écouté Psychocandy, de The Jesus & Mary Chain. J’avais l’album dans mon iPod, et je commence à l’écouter avec ces petits écouteurs de qualité discutable. Et là, la déflagration ! C’était tellement saturé que j’ai cru que mes écouteurs avaient grillé. Je suis rentré chez moi pour l’écouter sur des enceintes correctes, et j’ai compris que c’était bien l’album qui était ultra-saturé. Je n’ai plus jamais écouté de la musique de la même façon après ça.
Q : Je pourrai lister une série de groupes, mais les artistes qui m’inspirent ont tous le même point commun, quelque soit leur style : ils subliment la vie et cristallisent leur vérité dans leur son. Quand t’écoutes une chanson et que tu comprends où les musiciens veulent en venir, que ça rentre en résonance avec toi, au plus profond, c’est tellement bon… Ça te fait passer de ta petite individualité à quelque chose de plus grand, de collectif; même quand la chanson est finie, t’es marqué au fer rouge. C’est cette énergie qui m’inspire à mon tour quand je compose et que je joue.
J’oppose cet état d’esprit à celui des musiciens qui jouent surtout pour se flatter, pour étaler leur égo en prenant des postures narcissiques. Ils ne sont pas forcément mauvais techniquement, mais leur musique n’a pas d’âme. Pour preuve, je prends plus de plaisir à entendre le son de ma sonnette de vélo que l’intégrale de la prog’ de Virgin Radio…
B : Pink Floyd clairement. Chaque album toutes époques confondues est une invitation à rêver et c’est avec ce groupe que j’ai appris à écouter la musique plus qu’à l’entendre. Du psychédélisme saturé de Barrett à l’onirisme résonnant de Gilmour, j’ai trouvé en ce groupe une palette de sons ultra riche qui me façonne encore aujourd’hui. Le Velvet et les Stooges m’ont également influencé pour leur spontanéité et leur minimalisme brut. C’est un peu la base du garage rock non ?
A : Je suis assez éclectique dans mes goûts musicaux, mais Sonic Youth m’inspire avec l’album Goo, et leur bassiste Kim Gordon, qui a un jeu de basse intéressant et a une influence sur le rôle des femmes dans un groupe de rock de surcroît, ou encore Spiritualized ou Warpaint… Je ne peux tous les citer, mais je suis proche de l’avis de Quentin, je suis inspirée par un artiste qui prend au cœur avant tout.
Lorraine d’Arts : Comment définiriez-vous votre musique/votre style musical ? Vous n’utilisez pas des sonorités très répandues.
E : Excellente question ! De manière globale il s’agirait de rock-noise, à tendance shoegaze et psyché. Ce n’est pas très facile de déterminer dans quel style on joue, parce que justement on connaît trop les chansons. Ceux qui peuvent le mieux nous définir, ce sont ceux qui nous écoutent.
Q : Pour ma part, je n’aime pas mettre des étiquettes aux groupes… Je ne pourrai pas le faire non plus pour nous ! C’est lié à ce que je disais dans ma réponse précédente. Je dirai plutôt qu’on se rattache à un certain courant alternatif du rock, qui va du shoegaze au psyché, et qui propose une musique très immersive, une expérience sensorielle radicale, ça oui. C’est vrai que les gens n’ont pas l’habitude d’entendre des murs de sons de guitares, et ça me fait plaisir qu’on leur fasse découvrir.
Au-delà de cette esthétique, c’est aussi une démarche alternative marquée par l’auto-production, le DIY, et le rejet de la musique pop qui nous anime. On se reconnaît entre groupes dans ce trip là. A ce titre, on a plus de points communs avec certains groupes de rap et d’électro qu’avec certains groupes de rock…
Les murs de son et les dissonances on aime ça, mais c’est aussi un bras d’honneur à un certain hygiénisme pop. Je trouve ça chiant cette standardisation. Moi j’aime bien la musique sauvage, qui respire la vie, qui brûle sans se soucier d’autres choses, qui sort des sentiers battus. Puis la scène, c’est bien le dernier endroit pour faire gaffe à son apparence. Si tu as besoin de bien te fringuer pour jouer, c’est que tu n’as pas compris le principe à mon avis…
B : Comment le définis-tu ? Vu de l’intérieur, le style d’un groupe est dur à définir mais ça fait toujours plaisir de savoir qu’on n’entend pas ça tous les jours. C’est de l’anti-pop.
A : C’est complexe car nous avons diverses influences au sein du groupe, ce qui peut amener à la construction d’un son particulier et difficile à classer. Il est vrai, nous sommes plus dans du shoegaze, psyché que dans du métal ou du rap… Le mur de son formé par les guitares peut être impressionnant et déroutant vu de l’extérieur.
Lorraine d’Arts : Pourquoi chanter en anglais ? Pour exporter votre musique ou tout simplement pour de meilleures sonorités ?
E : C’est une question de pratique pour moi. Ça me permet de faire des textes simples. Il y a une certaine poésie à écrire en français, mais ce n’est pas mon truc. C’est aussi une question de goût, parce que les textes des artistes français actuels me donnent envie de crever.
B : Didier Wampas me donne envie de crever mais c’est par amour. C’est l’un des rares à faire vivre le rock francophone sans nous saouler toutes les 5 minutes à la radio. Après, l’anglais c’est bien quand on veut juste écouter un disque sans faire gaffe aux paroles. Ça permet de se concentrer sur le son global d’une chanson en plaçant le chanteur au même niveau que les autres musiciens. Et une fois qu’on est convaincu par le son, on peut se pencher sur les paroles et se dire « wow j’adhère ».
Lorraine d’Arts : Pensez-vous faire de la musique votre « métier » à plein temps, ou cela ne restera qu’une passion ?
E : Si on peut faire de notre passion un métier, on le fera !
Q : Ah, ça me tente bien de faire à plein temps ce que j’aime le plus, quitte à en baver un peu ! On a qu’une vie !
B : La musique c’est plus qu’une passion, c’est toute notre vie qui s’organise autour de ça même si on n’en vit pas. C’est là-dedans qu’on dépense nos deniers et c’est ce qui nous réunit dans la bonne ambiance et pour des projets constructifs. On ne cherche pas à partager notre musique pour en vivre, on cherche à en vivre pour la partager.
A : Si notre aventure musicale peut durer encore longtemps, cela ne peut être qu’un plus.
Lorraine d’Arts : Et une dernière question, opurquoi devrions nous venir vous voir en concert ?
A : Venez nous voir à la Machine à Vapeur le 28 mars, à Nancy, ça va être cool, cela sera notre 1er concert à Nancy depuis très longtemps !
E : Oui, et puis ce concert, c’est aussi pour faire la promotion de notre nouvel EP ! Nous mettons un point d’honneur à ce que nos concerts soient une véritable expérience sonore, et c’est pour ça qu’il faut venir nous voir. On met tout en œuvre pour que l’auditeur n’en ressorte pas indemne. On joue aussi le 18 avril au Totem à Maxéville, et ça promet d’être violent !
Pour découvrir leurs petites merveilles je vous conseille d’aller faire un tour sur leur page internet et leur page Facebook.
A bientôt à la découverte d’un nouveau groupe…
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