Décembre 2010, deux jeunes lorrains souhaitent mettre en avant la culture et l’art de leur région. Ils se mettent alors en tête de
Après plus de six années passées à mettre en avant l'actualité culturelle et artistique de notre région, c'est avec une grande émotion que nous vous annonçons la fin de nos activités. Le site restera cependant actif pour vous permettre de (re)lire les nombreuses rencontres avec les artistes régionaux.
Accueil > Reportages > Zoom'Arts > Zoom’Art #47 – Leila « Fedup », graffeuse messine
Aujourd’hui, je change mes habitudes. Des graffeurs, j’en ai rencontré quelques uns. J’ai étudié leurs traits et leurs habitudes, observé leurs méthodes et je me suis laissée emporter dans leurs fresques colorées. Mais force est de reconnaître que des graffeuses, je n’en avais pas encore croisé. Pourtant elles sont là, plus nombreuses qu’on le croit, mais elles sont malheureusement moins médiatisées que leurs confrères masculins.
C’est au stade Gibon de Woippy que je pars rencontrer Leïla « Fedup », professeure d’arts appliqués au lycée du Bâtiment de Montigny-les-Metz et au lycée Fulgence Bienvenue d’Auboué, mais aussi graffeuse. D’ailleurs, c’est grâce à sa bonne volonté que la vidéo promotionnelle de Lorraine d’arts s’orne d’une belle fresque !
Fedup arrive accompagnée de Mina, 16 ans, qui l’a contactée via sa page Facebook pour apprendre les bases du graffiti. « Des jeunes me contactent pour que je les épaule, ils sont dans la même situation que moi à mes débuts, sans personne-ressource dans leur entourage pour expérimenter le graff » m’explique-t-elle. Je l’interroge sur ses classes au lycée : « Aujourd’hui les élèves ont beaucoup plus le droit à la parole et il y a un véritable échange. Certains savent que je graffe ». Et les réactions sont diverses : « les élèves perçoivent tous le graff différemment, certains sont épatés ou sentent une proximité avec moi, certains sont influencés par les parents avec des réactions un peu réac ‘ » s’amuse-t-elle.
Leïla a une autorisation de la DDE et une de la mairie pour s’exercer sur le mur du stade Gibon à Woippy. « Je voulais trouver un refuge pour peindre mais qu’on puisse me voir tout de même, ici il y a des graff qui sont là depuis plus d’un an ! » se réjouit-elle. Le spot est bien placé : « Le dessin est un prétexte pour aller vers les autres. Ici, quand je graffe, des gens s’arrêtent pour venir me parler ».
Alors qu’elle est lycéenne, dans les années 90, Fedup découvre le graff à travers le livre Kapital, 1 an de graff à Paris. « Ca m’a lancée », me dit-elle avant de préciser « j’ai posé mon premier graff à Woippy, derrière St Eloy ». Depuis, elle puise son inspiration de la couleur car son utilisation lui plaît plus que le motif des lettres. Son spot, elle en a fait un atelier à ciel ouvert et quand je lui parle du street-art dans les musées elle me répond que c’est une « privatisation de la culture » car « la culture populaire doit être au peuple, c’est tragique de confisquer aux gens un moyen de s’épanouir en l’introduisant sur le marché de l’art. Cela minore et ignore notre élan créateur au nom de l’activité lucrative de quelques-uns et en plus, l’étiquette d’artiste est subjective, qui peut juger de ça? ». C’est pour cette raison que la jeune femme a décidé d’aller à contre-courant et de se placer contre la professionnalisation du graffiti. Elle préfère peindre sans contraintes de commandes, prendre en charge des débutants de tous âges et envisage de créer des ateliers avec les structures socio-éducatives du département.
Fedup avance en solitaire mais constate que « ces dernières années, les graffeuses, au niveau international, commencent à se montrer ». Mieux, « elles organisent des jams depuis deux ans en mars, essentiellement en Angleterre comme les Girls On Top, un collectif féminin ». De ce fait, Fedup est en contact avec elles et les a même rejointes le temps d’un weekend à Londres. Mais la jeune femme reste sceptique : « la plupart du temps, les femmes se modèrent, ne se donnent pas la parole et je trouve la France trop conservatrice pour leur laisser une place ». Pour Leïla, on réduit encore trop souvent la femme à un objet de désir : « Soit on la peint nue, soit on utilise son corps comme support ou objet, des femmes-pinceaux d’Yves Klein au « body-paint » érotique, voire pornographique, des graffeurs ».
C’est pour ces raisons qu’elle souhaite dénoncer la condition féminine dans le graff, mais aussi dans la peinture en général. « Le machisme, dans le graffiti comme au quotidien, c’est le reflet d’une société patriarcale » me dit-elle. Fedup n’a pas peur des mots et certains de ses graffs s’enrichissent du slogan « Castrez les tous ! ». Elle m’explique en riant : « Je vise des expressions grossières et misogynes souvent employées tant par les hommes que par les femmes. Arrêtons d’embêter les mamans, embêtons un peu les hommes ! Il fallait réagir alors, j’essaie de le faire avec dérision ». Un dernier passage devant ses fresques aux multiples couleurs et nous nous quittons, Leïla s’apprête à donner un cours à Mina.
Si vous voulez en savoir plus, n’hésitez pas à faire un tour sur sa page : http://altermuralisme.jimdo.com/
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